Rosa parks
Biographie :
Rosa Parks naît à Tuskegee, en Alabama2, 3, 4 et est la fille aînée d'une famille de deux enfants avec pour parents James et Leona McCauley5, 6, respectivement charpentier et institutrice7. Dans son enfance, elle a des problèmes de santé, dont une angine chronique.
Après le divorce de ses parents, elle grandit dans la ferme de ses grands-parents maternels méthodistes (elle porte d'ailleurs le prénom Rosa en référence à sa grand-mère Rose qui était la fille de James Percival, un Irlandais et de Mary Jane Nobles, une esclave noire8) à Pine Level près de Montgomery, avec sa mère et son frère Sylvester (né en août 1915). Très attachée à ce que sa fille reçoive une bonne éducation malgré les entraves à la scolarité des Noirs, sa mère Leona éduque Rosa à la maison jusqu'à ses onze ans, puis elle est envoyée à l'Industrial School for Girls, fondée par des familles blanches du Nord pour les enfants noirs, à Montgomery, où habite sa tante9.
Elle commence ensuite ses études secondaires à l’Alabama State Teachers College for Negroes, mais ne peut les suivre jusqu'à leur terme, car elle doit s'occuper de sa grand-mère puis de sa mère, qui tombent malades10.
Elle se souvient que son grand-père montait la garde la nuit devant la ferme contre les actions du Ku Klux Klan (KKK). Sa jeunesse lui fait vite subir les affronts du racisme. Le KKK a d'ailleurs brûlé à deux reprises l'école qu'elle fréquente, la Montgomery Industrial School for Girls11. Bien que Rosa Parks ait raconté dans son autobiographie n'avoir pas eu une mauvaise impression des Blancs, elle narre des détails du racisme au quotidien (si vif dans le Sud des États-Unis) qui l'ont marquée, telles ces fontaines publiques réservées aux Blancs ou aux Noirs (« Enfant, je pensais que l'eau des fontaines pour les Blancs avait meilleur goût que celle des Noirs ») ou les lois Jim Crow12.
Les autobus sont un bon exemple de cette ségrégation au quotidien. Il n'y avait certes pas de bus ou de trains différents, mais des sections réservées aux Blancs et d'autres aux Noirs. Rosa Parks se souvient cependant que les transports scolaires étaient interdits aux enfants de couleur. Pour aller à l'école de Pine Level, les enfants blancs prennent le bus alors que les autres y vont à pied : « Je voyais passer le bus chaque jour. Mais pour moi, c'était comme ça. Nous n'avions d'autre choix que d'accepter ce qui était notre quotidien, un très cruel quotidien. Le bus fut un des premiers éléments par lesquels je réalisais qu'il y avait un monde pour les Noirs et un monde pour les Blancs. »
En décembre 1932, elle épouse Raymond Parks, un barbier militant de la cause des droits civiques, membre de l'Association de l'Alabama pour la promotion des gens de couleur (National Association for the Advancement of Colored People, NAACP). Il collecte aussi de l'argent pour soutenir un groupe de jeunes Noirs, les « Scottsboro Boys », qui sont accusés de viols sur deux femmes blanches. Après avoir déménagé dans le quartier Est de Montgomery, il l'encourage à finir ses études secondaires, qu'elle achève malgré les charges familiales en 1934, à une époque où seulement 7 % des Noirs obtiennent ce niveau d'étude. En 1940, les époux Parks deviennent membres de la ligue des électeurs (Voters' League)13.
Dans les années 1930, elle assiste à des réunions du Parti communiste des États-Unis d'Amérique, qui était alors le seul parti politique dans l’Alabama à s'opposer ouvertement à la ségrégation14.
Rosa Parks travaille en tant que couturière de 1930 à 1955, mais elle a aussi divers autres métiers tels qu'aide-soignante15. En décembre 1943, elle devient membre du mouvement pour les droits civiques (American Civil Rights Movement) et travaille en tant que secrétaire à Montgomery pour la section du National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), présidé par Edgar Nixon. Sur son rôle dans l'association, elle déclare : « J'étais la seule femme là-bas, et ils avaient besoin d'une secrétaire, et j'étais trop timide pour dire non ». Elle tient cette fonction jusqu'en 1957 lorsqu'elle quitte la ville de Montgomery.
En septembre 1944, Rosa Parks est envoyée par le NAACP à Abbeville en Alabama enquêter sur le viol par sept hommes blancs de Recy Taylor, une jeune afro-américaine16. En octobre, l'affaire fait les titres de la presse dans tous les États-Unis. Les coupables sont identifiés, mais aucun d'eux n'est arrêté et leur avocat propose une indemnisation de 600 dollars qui est refusée. Par deux fois, un grand jury est réuni pour se prononcer sur l'inculpation des suspects, mais les deux fois, l'inculpation est rejetée. Aucune poursuite n'est engagée. Ce n'est qu'en 2011 que le parlement d'Alabama présentera ses excuses à Recy Taylor pour les manquements de ses obligations à poursuivre les crimes commis à son égard.
Début 1945, elle occupe brièvement un emploi à la base aérienne de Maxwell, une zone fédérale, où la ségrégation n'était pas en vigueur : « On peut dire que [la situation] à Maxwell m'a ouvert les yeux ». Elle est aussi femme de ménage pour un couple libéral, Clifford et Virginia Durr, qui sympathisent avec elle et l'encouragent à suivre une formation sur les droits des travailleurs et l'égalité raciale à la Highlander Folk School, à Monteagle dans le Tennessee, six mois avant son arrestation.
Comme beaucoup d'autres Afro-Américains, elle est choquée par le meurtre sauvage de Emmett Till en août 195517. Le 27 novembre 1955 (soit quatre jours avant qu'elle ne refuse de céder son siège), elle assiste à un grand meeting sur son cas à Montgomery, dont le principal orateur est T. R. M. Howard, un militant des droits civiques du Mississippi, à la tête du Regional Council of Negro Leadership.