HISTOIRE DU TENNIS
Le tennis est une adaptation anglaise du jeu de paume. La première mise
en jeu s'effectuant à quinze pas, puis trente, puis quarante, d'où la
façon particulière de compter les points dans le tennis moderne. À la
suite de la bataille d'Azincourt (1415), le duc d’Orléans est
emprisonné pendant deux décennies en Angleterre. À l’occasion de cette
captivité à Wingfield dans le comté de Norfolk, le duc introduit en
Angleterre le jeu de paume qu’il pratique presque quotidiennement2.
Le tennis est né selon les sources entre 1858 et 1870 soit plus de
quatre siècles plus tard. En 1858 le major Harry Gem esquisse une sorte
de court de tennis sur le gazon de sa propriété : il joue un jeu assez
similaire au tennis actuel. Vers 1863 le Major Walter Clopton
Wingfield, le descendant du châtelain de Wingfield, pratique aussi une
sorte de tennis dans sa résidence à Londres. Vers 1869 dans le
Warwickshire, Harry Gem et son ami espagnol Augurio Perera
expérimentent une nouvelle version du jeu qu'ils appelèrent d'abord
pelota puis plus tard lawn rackets. Gem, Perera, Frederic Haynes et
Arthur Tomkin forment un club à Leamington : c'est le premier club de
lawn tennis du monde. C'est donc probablement Harry Gem qui a inventé
le « tennis moderne » (issu du jeu de paume français) mais c'est
Wingfield qui est passé à la postérité car il a commercialisé ce sport
sous le nom de « Sphairistike » le 23 février 1874 mais il ne l'a pas
inventé comme la légende le prétend. Le sphairistike est la conséquence
du jeu de paume et de l’invention du caoutchouc qui permet de réaliser
des balles pouvant rebondir sur l’herbe. C'est le chaînon manquant
entre le jeu de paume et le tennis3. Le tennis en Angleterre a
d'ailleurs pour nom Lawn Tennis (tennis sur herbe en anglais) tandis
que le jeu de paume est désigné sous le nom Real Tennis (vrai tennis).
Le mot "tennis" provient de l'ancien français "tenez", phrase que l'on
adressait à l'adversaire au moment de servir. Le mot, déformé en moyen
anglais en "tenetz", "teneys" ou "tenes", finira par devenir tennis2,3.
Il semble que le premier tournoi de tennis eut lieu en août 1876 sur un
court aménagé dans la propriété de M. William Appleton à Nahant dans le
Massachusetts et remporté par James Dwight4. Suit le Tournoi de
Wimbledon en 1877 du 9 au 16 (ou 19) juillet, futur Internationaux
amateurs de Grande-Bretagne, qui est donc le plus vieux tournoi encore
existant. La finale de la première édition se joue devant 200
spectateurs. L’Anglais Spencer Gore s’impose en simple messieurs (24
participants). À l’occasion de ce tournoi, les règles du sphairistike
de Wingfield sont modifiées par les organisateurs qui deviennent, de
fait, et pendant une décennie, la seule autorité en matière de tennis.
Joueuse de tennis en 1881
La France, jadis terre d'élection par excellence du jeu de paume,
n'attend pas longtemps pour succomber aux charmes du tennis promu par
Wimbledon. Dès 1878, le premier club de tennis est fondé en France à
Dinard, en Bretagne. Dans le même temps, les premières parties ont
lieu en Australie.
D'autres tournois suivent très vite : en 1878 un tournoi aurait été
organisé au Marylebone Cricket Club, et les premiers championnats
amateurs d'Écosse eurent lieu en indoor sur bois cette même année, les
Championnats amateurs d'Irlande débutèrent en 1879 au Fitzwilliam Club
de Dublin, ceux de Bohême la même année et ceux de la colonie
australienne du Victoria à Melbourne en 1880, chaque colonie
australienne crée d'ailleurs son tournoi bien avant le 1er championnat
national australien, organisé en 1905 et intitulé « Internationaux
d'Australasie », futur Open d'Australie. Les championnats des
États-Unis sont organisés pour la première fois à Newport en 1881 (la
1re édition réservée aux citoyens du pays est l'ancêtre de l'US Open,
etc.). Le tennis est donc né sous l'ère victorienne avec des règles
victoriennes : le sport dans ces conditions ne peut être pratiqué que
comme un loisir par de riches aristocrates, donc sans besoin d'argent
pour vivre, et ne peut donc faire l'objet d'une profession rémunérée.
Ceci explique pourquoi les professionnels du tennis ont été longtemps
bannis du circuit traditionnel et considérés comme des pestiférés. De
plus les responsables du tennis, très jaloux de leur autorité, un autre
héritage de l'époque victorienne, ne souhaitent absolument pas avoir à
faire à des joueurs professionnels indépendants de leur volonté : c'est
ainsi une autre raison pour écarter les « pros » du circuit
traditionnel. Plus tard est créé en 1891 le Championnat de France de
tennis qui devient véritablement international en 1925 sous le nom «
Internationaux de France de tennis ».
En 1933 quand l'Australien Jack Crawford qui a gagné les Internationaux
amateurs d'Australie, de France à Roland Garros, de Grande-Bretagne à
Wimbledon, atteint aussi la finale des Internationaux amateurs des
États-Unis à Forest Hills, les journalistes John Kieran et Allison
Danzig utilisent pour la première fois l'expression « Grand Slam »
(tirée du brigde et aussi du golf) en évoquant une possible victoire de
l'Australien dans les quatre tournois la même année. Ces championnats
commencent à prendre de l'importance car les quatre pays hôtes sont les
seuls pays de l'époque qui ont remporté la Coupe Davis qui est la plus
grande compétition amateur internationale pendant au moins quarante
ans, de 1920 à 1960 (elle désigne souvent le numéro 1 mondial amateur
et a bien plus d'importance que Wimbledon ou Forest Hills). Cette
compétition est créée par Dwight Davis en 1900 et oppose dans un
premier temps uniquement les Îles Britanniques aux États-Unis. Il n'y a
pas d'édition en 1901. Puis d'autres pays souhaitent participer et
jusqu'en 1973 seuls les quatre pays cités remportent cette compétition
par équipes. En 1938 Donald Budge a l'idée de gagner les championnats
des quatre pays vainqueurs de la Coupe : il est donc le premier joueur
à consciemment tenter le Grand Chelem (Crawford n'avait aucune
intention à l'origine d'aller aux États-Unis car notamment il souffrait
du climat new-yorkais) et à le réussir. Ceci devient la véritable
référence individuelle du tennis amateur dans les années 1950, plus
précisément en 1956 lorsque Lew Hoad est à deux doigts (deux sets
précisément) d'accomplir cet exploit.