Les origines
Il
existe plusieurs théories sur les origines de la Capoeira. Certaines
sources tendent à laisser croire que ces origines seraient de nature
Africaines alors que d’autres penchent plutôt pour des racines
brésiliennes. Une des théories les plus populaires chez les Capoeiristes
du monde entier reste celle présentée par Augusto Ferreira dans son
livre Historia da Capoeira :
D’après
sa théorie, la Capoeira est apparue grâce à un désir accru de liberté
du peuple réduit à l’esclavage. Le premier pas vers la reconquête de
cette liberté fut de fuir les endroits surveillés par les colonisateurs.
Les esclaves durent leur salut aux conquêtes hollandaises venues défier
les colonies portugaises, envahissant ainsi les villes et plantations
occupées. En effet, chaque invasion eut pour effet d’affaiblir les
systèmes de défenses portugais, permettant ainsi à plusieurs esclaves de
fuir vers les forêts à la recherche d’endroits sûrs pour survivre
cachés.
À
cette époque, la côte brésilienne était séparée des terres intérieures
par une large bande de forêts de type amazonienne. C’est dans cette
large bande de forêts que les meilleurs refuges furent trouvés et nommés
Quilombos, signifiant l’arrière-pays. Cette isolation permit aux
fugitifs de développer leur propre système afin libérer les esclaves
encore en captivité. La Capoeira fit son apparition dans ces quartiers
retirés, sous le leadership du légendaire « Zumbi », meneur du
gigantesque « Quilombo dos Palmares », et se développa comme une méthode
rudimentaire de combat dans laquelle seulement quelques coups violents
furent répertoriés. La Capoeira ne se serait peut-être pas autant
développée si elle avait été uniquement confinée à cet environnement, et
serait probablement devenue une simple méthode de combat rudimentaire
destinée à échapper au contrôle des oppresseurs.
Plusieurs
autres théories se basant également sur le peu de documents existants
sur les origines de la Capoeira se présentent également comme des
hypothèses valables et acceptées par la plupart des pratiquants.
L’une
d’entre elles met en avant le fait que la Capoeira fut inventée par les
esclaves africains importés au Brésil afin de se protéger de
l’oppression portugaise. Ceux-ci développèrent ce sport de combat en le
déguisant sous la forme d’une danse, leur permettant ainsi de
s’entraîner à l’abri des soupçons des propriétaires blancs. Une des
preuves qui valide cette théorie est la différence observée du
comportement des Capoeiristes en fonction des différents rythmes que les
berimbaus jouent. Comme on le reverra plus loin, un rythme nommé
Cavalaria, ce qui veut dire cavalerie en Français, impose aux
pratiquants un certain type de jeu lors duquel le contact est interdit,
un peu comme une danse. D’après cette théorie, le passage du rythme
« normal » au rythme Cavalaria annoncerait la venue de l’oppresseur,
obligeant les pratiquants à transformer leur entraînement de combat en
danse folklorique, ceci afin d’éviter d’éveiller tout soupçon sur une
possible méthode de révolte.
D’après
une autre théorie prônant plutôt les racines africaines, la Capoeira ne
serait autre que la « Danse du Zèbre » pratiquée dans le sud de
L’Angola pour célébrer le passage au statut de femmes des jeunes filles.
Le jeune homme qui gagne le « N’golo » (danse du Zèbre), car il s’agit
plus d’un type de combat que d’une danse, peut directement choisir,
parmi les initiées, la femme qu’il désire. D’après cette théorie, les
esclaves angolais déportés au Brésil auraient amené avec eux cet art si
particulier. Art qui leur fut bien utile pour assurer leur survie au
sein d’un environnement fort hostile. Une des traces validant cette
théorie est la présence en Angola ainsi que dans cette danse du Zèbre,
d’un instrument de musique appelé « Hungu » correspondant exactement à
l’un des instruments moteurs de la Capoeira : le berimbau.
L’origine
du mot Capoeira pose autant de problèmes que le jeu lui-même. En effet,
grâce à une multitude de définitions de ce mot, on lui trouve des
racines dans deux familles de langages totalement différents. Dans la
langue Guarani, langue maternelle indigène de la majorité des Indiens
natifs du Brésil, et dans le Portugais. En Guarani, tout d’abord le mot
Capoeira est associé aux mots bois, forêt, feuilles, arbres ainsi qu’à
l’ensemble des végétaux, alors qu’en Portugais ce mot s’associe plutôt à
coq (capao), basse-cour, ou panier. Cela tient du fait qu’un petit
oiseau, se battant comme un coq, nommé odontophorus capueira spix vivant
dans certains états du Brésil a pour réputation d’être très jaloux et
lorsqu’il rencontre d’autres mâles, les deux prétendants se battent avec
férocité et agilité, tout comme les pratiquants de Capoeira. Une autre
théorie populaire avance que le mot « Capoeira » signifie la colline à
herbe rase sur laquelle les esclaves pratiquaient cet art, surplombant
ainsi le territoire afin d’être à l’affût du moindre déplacement des
troupes d’oppresseurs.
Les origines de la Capoeira demeurent un sujet à controverse, mais ce
que l’on doit retenir de tout ça c’est que cet art martial s’est
développé au Brésil sous une importante influence africaine. Cependant,
on ne peut en aucun cas prétendre que la Capoeira est venue d’Afrique
déjà toute faite, ni d’ailleurs qu’elle ne dépend d’aucune racine
brésilienne. Le Brésil est le seul pays au monde où cet art s’est
développé, contrairement à d’autres formes d’expression africaines comme
le Jazz, le Blues ou le Limbo, présentes dans plusieurs pays, où les
esclaves africains ont été importés. On peut dès lors affirmer sans trop
se tromper que la Capoeira résulte d’un mélange unique, d’un choc
culturel entre deux peuples appelés à résister à un régime
colonial trop
imposant.