Qui   était  Christian      ???     
                                                                                                 

Enfance 

Né en 1905 à Granville (Manche) au cœur d’une famille d’industriels avisés inventeurs de la très connue marque de lessive « Saint-Marc », Christian Dior grandit dans une ambiance très Belle-Époque. Apparemment, il est tout de suite attiré par la musique, le dessin et la confection de déguisements. Une anecdote raconte qu'en 1919, lors d’une kermesse en Normandie, une chiromancienne lui prédit que « les femmes vous seront bénéfiques, et c’est par elles que vous réussirez ».

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, il rejoint Paris où il se lie d’amitié avec quelques artistes des Années Folles, et notamment avec le poète Max Jacob et Jean Cocteau. Sa mère veut qu'il suive une carrière diplomatique, et Christian Dior s'inscrit à l’Ecole des Sciences Politiques, qu’il quitte en 1926 sans le moindre diplôme.


Débuts professionnels 

Il ouvre alors une galerie d'art dans laquelle il expose des toiles de Picasso, Matisse ou encore Dali. Mais la crise des années 1930 met fin à cette aventure. En 1931, sa mère décède et son père, victime de mauvaises spéculations, est ruiné. La villa de Granville, aujourd’hui transformée en musée, est vendue à la municipalité. Et il doit abandonner sa galerie d’art pour cause de tuberculose.

Durant 10 années de traversée du désert, Christian Dior vit de la générosité de ses amis et de la vente de quelques tableaux. Il vend ses premiers croquis de chapeaux et de robes après son retour du service militaire, en 1935, puis est embauché comme illustrateur par le Figaro Illustré.

Mais soutenu par quelques amis artistes, il crée, comme lors de son enfance, des costumes pour le cinéma et le théâtre, et ce avec beaucoup de goût et de talent. Il fait également le siège des grandes maisons de l'époque, et parvient à vendre certains de ses croquis à Nina Ricci, Balenciaga ou encore Claude Saint-Cyr. Apparemment, il aurait réussi à approcher Elsa Schiaparelli, installée depuis 1935 au 21, place Vendôme.

En 1938, il est engagé par le suisse Robert Piguet en tant que modéliste et signe d’entrée trois collections. Le tailleur en pied-de-poule noir et blanc est son premier best-seller. On commence à parler de lui lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate. Il passe alors un an sous les drapeaux, puis, démobilisé, il rejoint son père et sa plus jeune sœur dans le sud de la France.


Débuts dans la haute couture  

Il ne revient à Paris qu'en 1941, et entre chez Lucien Lelong, une des plus grandes maisons de couture parisienne.

Quatre ans plus tard, il fait la connaissance de Marcel Boussac, le roi du coton, qui croit immédiatement en son talent. Superstitieux, Dior, toujours selon la légende, se tourne vers une cartomancienne, qui s’exclame alors « Acceptez, acceptez. Vous devez créer la maison Christian Dior. Quelles que soient les conditions de départ. ». Boussac investit 60 millions de francs et lui accorde tout : une maison à son nom, au 30, avenue Montaigne. Il se lance ainsi dans la mode et de la haute couture. Marcel Boussac, prince du tissu, avait bien choisi son poulain : de trois mètres pour faire une robe auparavant, il en faut tout à coup 20 pour faire une robe Christian Dior.

En février 1947, Christian Dior enflamme littéralement la mode d’après-guerre avec son premier défilé, fruit d'un intense travail de collaboration avec son équipe, dont Pierre Cardin est le premier tailleur. C’est la naissance d’une nouvelle femme, d’une conception radicalement avant-gardiste : taille cintrée, poitrine haute et ronde, épaules étroites, jambes découvertes jusqu’à 30 cm au-dessus du sol.


Le succès 

Dior est particulièrement connu pour le style « New Look » en 1947. L’expression « New Look » est l’œuvre de Carmel Snow, rédactrice en chef du Harper's Bazaar, qui en voyant les nouveaux modèles de Dior s’exclama : « Dear Christian, your dresses have such a new look ! » (« Cher Christian, vos robes ont un style si nouveau ! ») Au lendemain immédiat de l’Occupation, Christian Dior rend à la couture sa part de rêve, et met la femme au centre de toutes les attentions. Il leur redonne le goût de plaire, de suggérer le désir. Les notions et les imageries liées au luxe reviennent sur le devant de la scène après une longue période d’insécurité, de terreur et d’angoisse.

Il n’hésite pas à se démoder lui-même pour surprendre, notamment avec sa ligne « haricot vert » où il efface les volutes des collections précédentes. Dans les années 1950, il libère la taille des femmes avec Ligne H.

Sur les conseils d’un ami d’enfance, il lance, en même temps que sa maison de couture et sa première collection, une société de parfum. La première fragrance s'appelle Miss Dior. Pour lui, le parfum « est le complément indispensable de la personnalité féminine, c’est la touche finale d'une robe. »

Visionnaire, il part pour les États-Unis à la conquête de ce marché en plein boom dès 1948, soit moins d'un an après le lancement de sa première collection. Il instaure une politique active de diffusion de son nom et de concession de licence. Avec l’aide précieuse de Jacques Rouët, son directeur financier bientôt président de la société, il pose les fondations d'un véritable empire. Il institutionnalise la franchise et le dépôt de marque en louant son nom pour griffer des articles fabriqués en gros par des industriels qui lui reversent des royalties. Il ouvre des bureaux de relations publiques à travers le monde, organise des défilés à l'échelle planétaire, il met les radios dans le coup, etc. Il est le couturier des stars. En 1957, sa maison assure plus de la moitié des exportations de la couture française, et Time Magazine le consacre à sa Une.

En onze ans, son activité s'étend dans quinze pays et assure l’emploi de plus de deux mille personnes.

En octobre 1957, il est foudroyé en Italie, où il séjournait quelques jours pour se remettre en forme. D’aucuns diront qu’il « a été rappelé par Dieu pour rhabiller les anges. »

Sa biographie a été écrite par Marie-France Pochna. Christian Dior est le créateur du style "New Look." Ses aspirations artistiques brisées par sa mère, il resta longtemps à la traîne de ses amis, la plupart également homosexuels, dont Cocteau, Poulenc, Max Jacob et Maurice Sachs. Ses débuts ont été difficiles. Des centaines de témoignages et journaux intimes révèlent un être généreux et drôle jusqu'à la bouffonnerie, mais profondément secret et qui cacha son homosexualité. Dans ses mémoires, le Baron de Rédé rapporte une rumeur selon laquelle Dior serait mort d’une attaque alors qu’il faisait l’amour avec deux jeunes hommes. Son compagnon de l’époque était un chanteur algérien, Jacques Benita, né en 1930.


La continuité 

Il avait cependant tout prévu : au jeune Yves Saint-Laurent de reprendre la maison parisienne et à Marc Bohan celles de Londres et New York. La première collection de YSL, entré en 1955 au service de Christian Dior, est un véritable triomphe. Mais il quitte la maison en 1960, et c’est Marc Bohan qui reprend l'entière responsabilité de la direction artistique. Jusqu'en 1989, il veillera au respect scrupuleux des traditions d’élégance du maître. Gianfranco Ferré qui lui succède, ne les trahira pas non plus, avec un sens égal de l’architecture et de la flamboyance.

Tout va s'accélérer véritablement peu avant les années 1990, au moment où la société passe sous le contrôle du magnat du luxe Bernard Arnault. Devenu président du groupe LVMH, il réunifie en 1989 les parfums et la couture, séparés depuis 1968. C’est lui également qui fait appel en 1996 au couturier, John Galliano, pour redonner à Dior du punch et de la visibilité. Dandy provocateur et imprévisible, Galliano rend ses défilés pour Dior incontournables et électriques. Pour l’anecdote, la première robe qu’il dessine est pour la princesse Diana, qui la porte lors de l'inauguration de l’exposition des 50 ans de la marque Dior au MoMa de New York (1997). Il fait de l'accessoire une composante fondamentale, et voue un culte au maître. Il n'est pas rare de l'entendre parler de la présence intemporelle de Christian Dior dans l’esprit de ses collections.

En 1996, Dior possède 16 boutiques à travers le monde ; il y en a 92 en 2000, et plus de 160 à l’heure actuelle. En l’an 2000, le chiffre d’affaire de Christian Dior Couture s'établissait à 296 millions d’euros, il se monte, rien que pour le premier semestre 2006, à 329 millions d’euros.

La force actuelle de Dior, c’est incontestablement la création et la diversité de ses créateurs. Victoire de Castellane dirige la joaillerie, tandis que Kris van Assche, qui remplace Hedi Slimane depuis 2007, s'occupe de la direction  artistique de la ligne homme.
Les recettes qui ont fait le succès et qui font actuellement le succès de la maison Christian Dior sont très caractéristiques du milieu du luxe : créativité à outrance, qualité, passion, innovation, culture, notion du rêve et sensibilité artistique. Cette alchimie du produit, alliée à une bonne gestion financière, permet à cette maison de haute couture de demeurer pérenne. Car derrière les figures emblématiques que sont Christian Dior, Yves Saint Laurent, Marc Bohan, Gianfranco Ferré ou John Galliano, il faut se montrer maître de ses finances. Chez Dior, c’est Sidney Toledano, peu connu du grand public, qui remplit cette fonction de « trésorier » et qui a pour mission de canaliser dans la bonne direction les forces créatrices. Des collections qui se renouvellent sans cesse à un rythme effréné, un personnel important, des usines, des manufactures, des contraintes, des compromis permanents entre le désir des créateurs, les réalités financières et les exigences de qualité, et tout cela doit fonctionner de manière logique et quasi implacable, au risque de mettre en danger l'édifice entier. Il s'agit aussi de trouver une cohérence entre la haute couture et le prêt-à-porter.