À quatre mois, Nika déborde d'énergie.
La porte laissée entrouverte captive son imagination. Sans hésiter,
la voilà partie à la découverte du monde, traversant miraculeusement
la rue. Inconsciente du danger, Nika profite de sa liberté. Heureusement,
un bon samaritain la remarque et met fin à son escapade en l'amenant avec
lui.
Après quelques jours d'inquiétude
et grâce aux pancartes « Perdu chiot husky » placardées
un peu partout dans le voisinage, les maîtres chanceux retrouvent leur chienne.
Les aventures de Nika finissent bien d'autant plus qu'elles auraient pu lui coûter
la vie.
Depuis son origine, le Husky de Sibérie
est un voyageur. Pas surprenant que déjà, à quatre mois, la
curiosité de Nika l'emporte sur la prudence Devenue adulte, l'appel des odeurs
et des bruits inconnus restera aussi vif. La curiosité intellectuelle propre
aux chiens de cette race les force à explorer la nouveauté et à
rechercher l'inhabituel.
Le coureur
Si le Husky performe si bien attelé au
traîneau, c'est en partie parce que chaque kilomètre parcouru lui permet
d'en découvrir de nouveaux. Comme son nom l'indique, il est originaire de
Sibérie. Malheureusement, les archives de Russie révèlent peu
d'information sur son histoire. On sait qu'il fut développé par la
nation esquimaude Chukchi qui l'utilisait pour tirer des traîneaux et garder
les rennes.
La ruée vers l'or l'a fait connaître
en Amérique. Dès leurs premières expéditions, les jeunes
prospecteurs ont vu leurs aspirations brisées par les rudes hivers du Yukon
et de l'Alaska. Ils se sont mis à la recherche de chiens capables de tirer
de lourds traîneaux combles de leur attirail de prospection. Par l'intermédiaire
des trappeurs, ils découvrirent les chiens utilisés par les Inuit
et parvinrent à s'en procurer quelques spécimens. Il ne s'agissait
pas de Husky, plutôt des types de Malamutes. Mais la découverte de
ces chiens consacra le chien de traîneau qui devint aussi précieux
que les pépites d'or. Avec les chiens de traîneau, apparurent les «
mushers » qui s'employèrent à développer les qualités
essentielles de leurs chiens, soit la vitesse et l'endurance.
Rapidement, les mushers voulurent comparer
leurs attelages respectifs et organisèrent des courses qui furent à
l'origine des grands exploits sportifs d'aujourd'hui comme l'Iditarod. L'essor des
courses entraîna la découverte du Husky. Un trappeur norvégien,
Olaf Swenson en importa de Sibérie. Un marchand de fourrures russe, William
Goosack en rapporta quelques-uns qu'il inscrivit dans l'épreuve « All
Alaska Sweepstakes ». On raconte que sur la ligne de départ, ses chiens
suscitèrent les rires des spectateurs. Ils étaient si petits qu'on
ne pouvait imaginer qu'ils aient suffisamment de force pour terminer la course.
Mais ces boules d'énergie terminèrent troisième, ce qui leur
attira aussitôt le respect. Le Husky s'imposa en 1910 en pulvérisant
tous les records de l'épreuve. Vint ensuite le plus grand musher de tous
les temps, le Norvégien Leonhard Seppala. En janvier 1925, le village de
Nome en Alaska fut victime d'une épidémie de diphtérie. Les
1 450 habitants risquaient tous d'en mourir à moins que des médicaments
leurs parviennent d'Anchorage. Le train les rendit jusqu'à Nenana. Restait
encore plus de 1 000 kilomètres à franchir. Dix-neuf attelages de
Husky se relayèrent. Seppala était parti de Nome dans le froid intense.
Finalement, grâce au chien de tête Balto, appartenant au musher Gunnar
Kasson, le dernier attelage atteignit Nome dans l'obscurité et la neige.
Dans la lancée de cette victoire contre la mort, Seppala partit en tournée
et le Husky de Sibérie conquit le Canada et les
États-Unis. Il fut reconnu par le Club Canin Américain en 1930 et
en 1939
par le Club Canin Canadien.
L'arrivée des motoneiges a remplacé
le traîneau à chiens. Encore utilisé à des fins de loisirs,
le Husky reste toujours un coureur infatigable.
L'INCOMPRIS
Peu de chiens sont aussi méconnus que le
Husky. Son aspect sauvage, son regard étrange et sa ressemblance au loup
suscitent souvent des craintes injustifiées. Malheureusement, le Husky est
encore victime de l'ignorance de personne bien intentionnée qui lui refuse
la possibilité d'être offert en adoption dans certains refuge sous
prétexte qu'il est croisé avec un loup. à cause de son apparence,
la méprise est facile. Pourtant, le Husky n'a pas plus de lien avec cet ancêtre
lointain qu'en ont les autres races de chiens. En fait, il n'y a pas plus amical
que le Husky. Il faut savoir que dans leurs villages isolés de Sibérie,
les Chukchis ont développé cette race de façon à ce
que leur chien ne démontre aucune agressivité envers les étrangers
en quête d'hospitalité..
L'épithète la plus souvent accolée
au comportement du Husky est « indépendant ». Par ailleurs, cette
indépendance n'est pas synonyme de solitaire. Certes, son côté
fugueur requiert une certaine dose d'indépendance. Pour partir à l'aventure,
il faut faire preuve d'autonomie. Pour tirer un traîneau, éviter les
obstacles et mener son musher à destination, il faut pouvoir décider
seul. Mais en y regardant de plus près, le Husky est avant tout un chien
grégaire. C'est une race qui doit à tout prix s'identifier à
une meute. Habitué à travailler en groupe, il est extrêmement
malheureux seul. Pire, la solitude le rendra gêné et nerveux. Si son
maître doit s'absenter régulièrement, il est préférable
de le laisser en compagnie d'autres chiens. Le Husky aime être entouré,
de monde ou de chiens, peu lui importe du moment qu'il ne s'agit pas de chat, une
espèce pour laquelle il ressent généralement un profond dédain.
En fait, toutes petites bêtes éveillent en lui son instinct de chasseur
toujours très présent.
VIVRE AVEC UN HUSKY
Le Husky est avant tout un gentil chien. Il aime jouer et, face à l'ennui,
il trouvera vite moyen de se changer les idées, que cela plaise ou non à
son maître qu'il perçoit comme un égal, et non pas comme un
être supérieur. Le Husky est un chien vif et très intelligent.
Il excelle quand vient le
temps de solutionner des problèmes et il apprend vite à contourner
les « Non » qu'on s'acharne à lui répéter.
Posséder un Husky peut s'avérer
un coup dur pour son amour propre. Il faut de la finesse et de la patience pour
réussir à conserver un certain degré de contrôle sur
son Husky. Les propriétaires de cette race le disent : « Ce chien est
unique et après quelques mois, son nouveau propriétaire devra avoir
recours à des soins psychiatriques ou au contraire, croira que son chien
est le plus fantastique au monde. » Le Husky n'est pas un chien pour tout
le monde. Soit qu'on l'aime à la folie ou que son indépendance rend
fou.
Le Husky a de l'énergie à revendre.
C'est un athlète. La vie pantouflarde d'un appartement ne le satisfait pas.
Il a besoin de beaucoup d'exercice. Il lui faut de longues marches et il se fera
un plaisir d'accompagner son maître lors de son jogging quotidien. Les randonnées
en montagne lui conviennent bien. Avec un sac bien adapté, il transportera
lui-même sa bouffe. Il aime l'eau. · cause de son goût de l'aventure,
la laisse s'impose lors de ses promenades. Il doit avoir accès à une
cour solidement clôturée et solide à la base car ses tunnels
sont aussi réussis que ceux des Terriers.